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Méga-TEST COMPARATIF : new Carl Zeiss Planar T* 50mm f1.4 contre new Voigtlander Nokton SL 58mm f1.4

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Salut à tous !

 

Décidément, depuis quelques temps, mes tests d’optiques ont quitté le monde Pentax pour visiter ce que d’autres constructeurs proposent en monture K. J’ai pu acquérir le nouveau et beau Zeiss Planar 50mm et mon collègue Roussinix, modérateur du forum K10D, m’a prêté son dernier petit chouchou, le non moins beau Voigtlander Nokton 58mm. Merci à lui pour son prêt.

 

Place au face à face comparatif avec de nombreuses images-tests !

Considérations techniques

On bénéficie aussi des informations de focale et d'ouverture dans les données Exif. Sur un capteur APS-C, le Nokton 58 mm correspond à un 85 mm f/1,4 soit un excellent objectif pour le portrait. A noter que sur le Pentax K-m, la focale n’est pas reconnue : il faut la rentrer manuellement.

Focale fixe de 58mm en monture Pentax KA. Ouvertures de f1,4 à f16 avec crantage mécanique par demi-valeurs.

Formule optique : 7 éléments en 6 groupes. Diaphragme à 9 lamelles. Angle de champ : 40°. Distance minimale de mise au point : 0,45m .

Rapport de reproduction : 1:5,8. Diamètre de filtre : 58 mm. Dimensions (longueur x diamètre) : 47,5mm x 64,4mm. Poids 320 Gr.

Accessoire non livré : paresoleil LH-58.

 

La bague de mise au point est ferme, souple et bien progressive, recouverte d’un grip caoutchouc de bonne qualité. La bague de diaph est aussi très souple et les demi-crantages sont fluides et précis. La construction toute métallique est digne des Zeiss. Le prix boutique oscille entre 350 et 400€ mais sans pare-soleil pour lequel il faudra rajouter environ 40€ (ici) : dommage !

 

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Le Voigtländer Nokton 58 mm f/1,4 SL II est un version améliorée du Topcor 58 mm f/1,4 proposé en série limitée par Cosina en 2003. Cet objectif essayait de retrouver (avec succès) la qualité de flou (bokeh) qui avait fait la réputation d'une fameuse optique commercialisée au début des années 60 par la firme Topcon (Tokyo Kogaku Kikaï KK). Cette première série a été presque toute vendue sur la marché japonais en l'espace quelques mois.

Cosina/Voigtlander propose à nouveau cet objectif standard ultra lumineux ; il est commercialisé aujourd'hui sous l'appellation Nokton dans une version revisitée avec l'adjonction d'un processeur identique dans son principe de fonctionnement à celui qui équipe les Pentax K-AF et avec un design plus discret que celui inspiré des objectif des Zeiss Contarex des années 60 qui était l'apanage de la première version. Sur un boîtier Pentax AF on commande le diaph par les molettes de l'appareil et on peut utiliser tous le modes d'exposition existants (y compris P et S) et tous les système de mesure embarqué (y compris la matricielle).

Le Zeiss Planar possède la même formule que le Nokton

 

 

 

 

 

 

C’est un objectif standard lumineux et compact qui possède un mécanisme de mise au point précis avec un angle de rotation qui favorise la finesse du réglage. Le Planar T* 1.4/50 est calculé pour des distances moyennes et plus longues; il permet d'obtenir des images détaillées dès pleine ouverture. La construction de l'objectif, le choix des verres et le traitement multicouches ont été établis afin de

 

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maitriser le flare et de donner une image brillante, du modelé, un excellent contraste et une interprétation normale de couleur. Nous verrons ça en détail plus bas. Monté sur un Reflex numérique au format APS-C (1,5x), il devient un objectif à portrait très compact et léger équivalent à un 75mm. La construction mécanique est comme de coutume avec Zeiss, somptueuse. Cet objectif est disponible en monture Nikon, Pentax K, 42 à vis ainsi que Canon. L’exemplaire testé ic sur le K-m est une version ZS (M42) avec bague M42/K. On reste donc en mode M avec appui sur le touche +/- (ou bouton vert sur les K10D-K20D-K200) pour calculer la bonne expo.

 

Ouvertures de f1,4 à f16 par 1/2 de diaph. Formule optique : 7 éléments en 6 groupes. Distance de mise au point : 0,45 m à l'infini.

Angles de champ (diagonal/horizontal) : 45/38. Diamètre des filtres : 58 x 0,75. Dimensions (longueur x diamètre) : 69mm x 66mm.

Poids : 350 gr. Livré avec le paresoleil metallique. Le tarif boutique avoisine les 500€.

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Vignetage comparé

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Le Nokton est assez capricieux à pleine ouverture : il a tendance à sous-exposer et son vignetage devient très présent. Il reste visible à F2 pour quasiment disparaître à f2.8 dans les scènes colorées. Le Zeiss possède un vignetage visible à F1.4 mais sa transmission lumineuse est beaucoup plus régulière et homogène pour la cellule du K-m. Il surexpose légèrement naturellement et dès F2, le vignetage devient quasiment invisible. Au cours de ce test comparatif, on pourra noter que le Zeiss surexpose systématiquement de 1 IL à f1.4/f2 par rapport au Nokton et qu’ensuite, il surexpose souvent de +1/3 IL, rendant les images plus lumineuses. Je n’ai pas fait de test de distorsion car elle est invisible sur ces deux 50mm !

Rendu des couleurs comparé

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Dès le début de ce test comparatif, j’ai été très surpris par la différence de tonalité des couleurs entre les deux objectifs ! Comme on le voit sur les vignettes ci-dessus prises à différentes ouvertures, en balance auto, j’ai cru que mon K-m avait un défaut de réglage ! Mais on le verra plus finement plus bas, en multipliant les vues sous d’autres conditions d’éclairage, on constate toujours que le Nokton possède une tonalité très chaude que certaines lumières accentuent (comme les derniers rayons de soleil...).

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A f2, cette différence est très visible. Le Nokton me fait penser au rendu classique des Sigma. La scène est éclairée par une lumière du jour diffuse venant de la gauche. Toutes les photos du test ont été prises aussitôt l’une après l’autre sans modifier les réglages du boitier.

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A f2.8, cette scène est éclairée par une forte lumière solaire. Outre la mise au point légèrement floue avec le Zeiss, on peut noter la dominante chaude du Nokton, avec des contrastes moins appuyés dans le rouge et le bleu.

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A f4, sous un éclairage par beau temps avec le soleil à gauche de la scène, la différence est peu visible. On peut juste constater un micro contraste plus prononcé dans le lointain pour le Zeiss.

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A f5.6, avec un éclairage plus contrasté, le soleil dans le dos, la différence redevient visible. Le Zeiss, au tonalité très neutre (froide)  propose un histogramme identique au Nokton mais avec une surex de +0.3IL.

Résolution comparée sur mire

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Les échantillons de moquette sont éclairés par une lumière du jour diffuse et placés à environ 2.2m de l’objectif soit plus de 40 fois la focale des objectifs (5 cm) : cela correspond au piqué qu’on obtient en séance de portrait entre 2 et 3 m. Le K-m est sur trépied avec télécommande, tous réglages par défaut, WBA, 100 iso, image « naturel» sans accentuation, Jpg ***.

Le Nokton donne généralement un meilleur piqué d’ensemble que le Zeiss, très avantagé par sa focale plus longue qui aide beaucoup la mise au point avec le stigmomètre (mon K-m est équipé du stigmomètre K3 de Nikon, avec couronne de microprismes très fins). Cependant, on constate l’excellente homogénéité des deux cailloux de f1.4 à f4. Les ouvertures F5.6 et f8 sont bien sûr des diaphs explosifs, inutiles de les montrer ! La diffraction arrive à f16, f11 restant un diaph correct.

Résolution comparée en paysage

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Le boitier sur trépied avec télécommande, j’ai fait une mise au point sur l’arbre mort, quasiment vers l’infini, mais pas tout à fait. L’image ci-contre est celle du Zeiss. Le Nokton a donné une image très chaude comme on le voit plus bas dans les captures d’écran à 100%, sûrement à cause du soleil couchant...

 

Le Zeiss bénéficie d’une profondeur de champ plus grande grâce à sa focale plus courte. La clarté de sa légère surexposition l’avantage dans les micro-détails plus lumineux.

 

J’ai voulu rectifier ce premier test très désavantageux en terme de couleur et de contraste pour le Nokton en cherchant dans mes images-tests un autre paysage plus homogène pour rééquilibrer le comparatif. Voici donc un deuxième paysage avec un éclairage du soleil plus classique à f4 et 1/1000e pour les deux objectifs. Les résultats sont très proches aussi bien en terme de résolution que de contraste. Une légère sensation de netteté meilleure chez le Zeiss vient de sa focale plus courte augmentant la profondeur de champ.

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Aberrations chromatiques comparées

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Je reconnais que cette scène est très cruelle et particulièrement piégeuse pour des ouvertures à f1.4 et f2 ! Mais elles permettent de constater que ces deux objectifs conçus pour l’argentique ne sont pas exempts d’aberrations chromatiques aux très grandes ouvertures. Au quotidien, elles disparaissent après f4. Le Zeiss les corrige plus vite en diaphragmant.

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Sur des vues plus classiques, comme ce paysage ci-dessous à f1.4/f2, le Zeiss se comporte avec une amélioration nette et franche en fermant le diaph. Notez comme le Zeiss surexpose à pleine ouverture !

Flare comparé

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Quasiment impossible de trouver du flare sur ces objectifs, même sans le pare-soleil pour le Nokton ! J’ai pourtant tenté de photographier au limite du raisonnable, mais sans discerner aucun reflet parasite dû aux rayons solaires. Peut-être qu’avec le soleil face à l’objectif dans le champ, on pourrait les prendre en défaut mais je ne connais pas d’objectif sans flare dans ce genre de conditions !

Bokeh (fond flou) comparé

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Le Globe terrestre se trouve à environ 1.5 m de l’objectif et les posters du fond sont à environ 1.9 m derrière le globe.

 

Avec sa focale plus longue, le Nokton (à droite dans les comparatifs) donne un bokeh plus crémeux que le Zeiss.

 

En outre, il est plus agréable et plus précis de faire la mise au point avec lui car l’étagement des plans est plus évident dans le viseur.

 

Je place dessous les autres rendus de bokeh de la même scène aux différentes ouvertures jusqu’à f4 avec un détail à 100% au centre du bokeh sur les trompes des éléphants.

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Sur le terrain, la différence de bokeh demeure visible... Sur la scène ci-dessus prise à main levée, le Zeiss est légèrement plus dur mais sa profondeur de champ plus grande accentue le piqué d’ensemble sur la partie mise au net du fil de fer.

Portraits comparés

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Plus intéressante mais plus difficile à réaliser, ma comparaison en prise de vue portrait a d’abord été réalisée au flash manuel Contax TLA 280 (Mode M au 1/60e avec grand réflecteur vers le plafond et petit réflecteur secondaire en éclairage direct) pour essayer de comparer le rendu en définition et micro-détails sur les parties mises au net. Sur le portrait de Rémi ci-dessous, le net a été fait sur les contours de l’oreille, avec sans doute un léger décalage inévitable entre les deux objos ! On pourra juste apprécier la présence du piqué dès F1.4 sur les deux objos qui se sont comportés de la même façon (capture du Jpg*** brut de fonte sans retouche).

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Un second essai au flash  ci-dessous en fermant à f4 dans les mêmes conditions de prise de vue. Le net a été fait sur les contours de la tétine de Jacky. Le piqué devient vraiment explosif pour les deux objos sous la lumière dure du flash ! Avec un joli traitement des couleurs dans Silkypix par exemple, on pourra obtenir de superbes images souvenirs où le piqué sera étonnant à visualiser sur des tirages papier.

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Après un petit décrassage des couleurs et une balance des blancs corrigée dans Silkypix, on peut retrouver de superbes détails du Jpg de base.

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Pour conclure ce test, je propose une dernière série de portraits en lumière du jour intérieure à 400 iso. A f1.4, ci-dessus, on perçoit une forte présence d’aberrations chromatiques chez le Nokton dans l’arrière-plan lumineux. Sa sous-ex récurrente obligerait à surexposer d’1 IL à chaque fois en mode Av. Cependant, dès la pleine ouverture, son piqué est plus flagrant que celui du Zeiss qui compense avec une meilleure expo dûe sans doute à son traitement optique plus avancé dans la pureté des lentilles (traitement T*). A f2, ci-dessous, le Nokton expose de façon logique mais le Zeiss surexpose toujours naturellement d’1/3 IL. Les aberrations du Nokton sont encore là. Ces deux objectifs restent quand même de sacrés champions aux grandes ouvertures pour procurer à la fois un piqué exploitable et un bokeh crémeux : c’est l’apanage de ces focales fixes de haut vol !

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Bilan final

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En terme de rapport qualité/prix, les deux objectifs font jeu (presque) égal : le Zeiss fourni avec son paresoleil coûte au final un peu plus cher (510€ ) que le Nokton (390€ + 40€ avec l’achat supplémentaire de son paresoleil optionnel). Ils en donnent pour leur argent côté finition : construits pour durer, alliant précision, finesse et robustesse, leur prise en main est excellente. Petit avantage pour le Zeiss avec sa baionnette pour paresoleil qui permet de fixer le bouchon ou des filtres plus facilement car le pas de vis reste libre.

 

Côté image, le Zeiss présente un rendu des couleurs plus neutre, plus fidèle, légèrement mieux contrasté dans les micro-détails. Sa gestion du vignetage et des aberrations chromatiques est meilleure que celle du Nokton. A pleine ouverture, la mise au point est très très délicate. Je pense que s’équiper avec une monture KA est dangereux : certes, on bénéficiera du confort du diaph auto avec la molette du boitier et on aura les valeurs d’ouverture dans les exifs, on disposera aussi de la gestion P-TTL au flash mais comme le diaph reste toujours ouvert à f1.4 en TTL, la brillance du viseur contrarie parfois la perception des détails pour la bonne mise au point. Avec la monture M42, on peut fermer le diaph à f2 ou f2.8 pour assombrir un peu le viseur en temps réel et retrouver plus de discrimination sur le dépoli. Avec cette monture ZS, on pourra aussi garder son Zeiss dans son fourre-tout si on change de marque ! Les montures M42 s’adaptent via des bagues adaptatrices sur Canon, Nikon, Sony et Olympus sans problème...

Côté expo avec le Planar 50, il faudra veiller à sous-exposer aux grandes ouvertures, tout rentrant dans l’ordre dès f2.8.

 

Le Nokton brille par son piqué et son homogénéité dès les grandes ouvertures et sa dominante chaude ne sera parfois génante qu’avec des diapos argentiques qui empêchent tout post-traitement. Mais pour le numérique, ces dominantes seront facilement rectifiables à l’occasion. Lors de son utilisation à f1.4, il faudra veiller à bien surexposer pour absorber son vignetage assez fort. Dès f2, son expo est très fiable. Ses aberrations chromatiques seront parfois génantes jusqu’à f2.8. Je n’en ai plus retrouvées dès f4.

 

Pour le portrait, le Nokton est plus agréable : 8 mm de focale supplémentaires comptent beaucoup quand on photographie sous les 3 m de distance : le bokeh est plus crémeux que le Zeiss et la mise au point plus facile.

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Voili, voilou, je crois que j’ai tout dit !

Ce sont des objectifs de bonne compagnie, des investissements sur le long terme, comme on le fait avec des diamants !

 

A+